… Qui raconte le mieux un paysage sinon les oiseaux qui le traversent en bleu, en blanc, en noir. Ce sont leurs vols, d’un arbre à l’autre, d’une rive à l’autre, qui donnent au paysage ses limites sur la terre et son infini dans nos yeux. Nos yeux ont souvent regardé sans voir. Cette chose au loin porte d’abord le nom d’oiseau. Puis l’on se souvient d’un mot qui remonte à la surface, plus précis et qu’un savant, un poète, ou l’un parmi nous lui a donné : la sterne, le héron, la mouette, le rouge-gorge –qui ne peuvent plus, désormais, s’appeler autrement. On touche ici le secret du poème : le tremblement de la vie sans nom, celui de l’enfant dans son prénom. Comme si notre œil pressentait que regarder c’est toujours regarder une première fois, pour la dernière fois.
Yvon Le Men,
Le poids d’un nuage.
Les continents sont des radeaux perdus,

Photographie : Thami Benkirane
Fès ville nouvelle aux premières lueurs du jour,
le 30 avril 2020.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.