Casablanca, le cœur du Maroc …..
Aujourd’hui j’ai choisi de vous montrer un grand nombre de photos, Prenez le temps de les regarder comme j‘ai pris le temps de les faire. Je vais bientôt partir pour quelques temps de ce pays et je voulais en montrer le sang et le sens. La peau et la chair. Ce voyage m’a beaucoup donné, j’ai pu prendre le temps de beaucoup regarder et je m’aperçois que je suis loin d’avoir tout vu alors qu’il m’a montré sans se cacher tellement d’humanité. Excusez moi d’être un peu lyrique mais en découvrant cette ville je comprend mieux ce que je suis venu faire ici.
Voilà :
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Je n’aime pas les grandes villes …..
Casablanca ne fait pas exception.
Alors vous n’aurez pas les images de la grande mosquée Hassan II un des joyaux du Maroc. Une des plus belles mosquées du monde. Elle est magnifique, majestueuse et d’une architecture parfaite. Encore que l’art islamique réfute toute perfection. La perfection est seulement l’œuvre d’Allah et tout architecte est tenu de faire quelques erreurs dans son ouvrage pour ne pas égaler la perfection d’Allah.
Les sultans ottomans faisaient trancher la tête des architectes qui réalisaient une mosquée à leur gloire pour qu’ils ne puissent pas en faire une plus belle par la suite pour un autre sultan. Légende cruelle mais attestée. Non ici l’architecte n’a pas été décapité mais la mosquée coûte une fortune en entretien tant la folie de grandeur à été atteinte.
Voilà pour la mosquée … que vous ne verrez pas !
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Non, la ville ne me plait pas, à se prendre pour une ville occidentale,
mais juste derrière il y a une ville, une vraie ville avec des vrais morceaux de gens dedans et c’est bien la médina qui m’attire toujours ici au Maroc.
Les médinas, les souks où l’on marche dans le jus des animaux et les légumes écrasés.
Voilà les images que je veux vous montrer et encore j’hésite à photographier les personnes encore moins les mendiants et les gens en prière.
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Nous sommes vendredi, jour de grande prière. Les mosquées se remplissent de musulmans socialement à l’aise pas forcement riches mais un peu comme les gens qui vont à la messe le dimanche « chez nous » (bizarre d’utiliser cette expression ici vous ne trouvez pas) et pour les musulmans plus populaires, ceux qui vendent des trucs dans la rue, ceux qui ont un étal sur le marché ou qui cherchent dans les poubelles, ceux là étalent un tapis par terre devant eux n’importe où ; ou bien vont rejoindre une devanture où le commerçant aura déroulé un grand tapis pour une prière collective ou bien carrément le petit terrain de basket des jeunes bien grillagé alors rempli de grands couvre sols pouvant accueillir plusieurs dizaines de personnes.
À l’appel du muezzin, tout s’arrête ou presque dans la ville. Non pas tout à fait car il y a tout de même un grand nombre de musulmans non pratiquants qui continuent de déambuler au milieu des prieurs. Les ventes ralentissent nettement et il n’est pas rare de voir des étals abandonnés pas leur propriétaire, sans protection particulière …. le vol est TRÈS mal vu ici (quoique) Tout se passe dans le respect et ceux qui ne prient pas évitent soigneusement de « couper la prière » en passant entre le prieur et La Mecque. Je ne fais pas exception connaissant la tradition et, n’ayant aucune envie de jouer les voyeurs de cette spiritualité particulière, j’évite donc aussi de faire des images
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Me voilà sillonnant les rues répondant aux appels des commerçants et captant par ci par là une lumière, un regard et toute cette vie qui se déroule comme un film sans fin devant mes yeux. Il suffit de se perdre au détour d’une impasse pour voir où et comment les gens vivent. La surprise des gens qui me croisent me dit immédiatement jusqu’où peut aller mon regard.
Cette personne ne veut pas se montrer et je ne la montre pas c’est une question de tact.
Parfois une parole, toujours gentille si je m’excuse de déranger, permet un furtif contact. Tout le monde ne veut pas être abordé.
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Je range mon appareil pour m’accroupir et donner quelques dirhams à un jeune type bien abimé qui voit défiler les gens indifférents (moins que « chez nous »)
Quand je calcule inconsciemment la somme que je lui donne, je suis couvert de honte et lui me remercie pour 5 dirhams comme si c’était un diamant qui était sorti de ma poche. Un sourire, une main serrée, tenue tendrement mes yeux dans les siens (a-t-il perçu que j’étais au bord des larmes?) « Inch Allah je prierai pour toi »
Il est vrai que moi, je ne sais plus prier. Enfin si d’une certaine manière mais il faut que je réapprenne à prier pour les autres.
Garcia Marquez disait : « On est jamais si grand que lorsqu’on s’accroupi pour aider quelqu’un ». J’ai encore besoin de m’accroupir beaucoup et en même temps, je suis bien plus petit que l’homme qui me tient la main.
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Des scènes cocasses et misérables dans ce vide grenier à ciel ouvert où les chats dorment sur une pile de cassettes (k7) dont certaines dégueulent leur bandes qui ne joueront plus jamais de musique.
Tout est à vendre, le robinet (qui fuit sûrement), la boite d’allumette entamée, les vieilles godasses, les fringues trouées.
Tout se vend, même la misère, une vieille dame dans un fauteuil roulant avec sur ses genoux une boite de médicament ouverte ….. quelques comprimés découpés aux ciseaux …. vendu à la pièces ….. tableau b, bande rouge, des antibios sur ordonnance, valium, tenormine, et j’en passe !
Ici on vend peut être le traitement prescrit par le docteur ….. pour manger !
Et paf prend en pleine figure !
Pas d’images, raconter suffit.
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Bon vous avez compris j’aime ce pays qui met son cœur sur la table et ces gens, les beaux, les moches, qui ont le grand mérite de ne pas se taper dessus entre eux.
Mon Dieu (Inch Allah) quelle paix dans cette vie simple et qui est tout sauf démonstrative !
Si j’ai vu des discussions très animées avec de grand gestes j’ai très rarement vus des bagarres sauf une fois à Agadir mais le mec était ivre, ce qui est évidement très mal vu ici. L’alcool existe mais il est très cher et il se cache (pour la bière, j’ai des adresses, héhé !)
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Après ce récit qui vous donne mon ressenti profond je vous laisse parcourir les images avec pour moi une envie très forte de revenir. Et j’ai, vous vous en doutez, quelques idées pour faire de mon prochain voyage un parcours d’humanité.
Je vous embrasse,
Vivez, et aimez la vie ! Quelle chance vous avez !
L’album photo :

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