Ne nous donnons pas la peine d’être autre chose qu’un peu d’amour et de rêves. Bouleversons du bout des cils ce monde incapable de se survivre sans cultiver des ruines, y faire fleurir l’indifférence et la haine. De nous-même soyons la sentinelle élue qui nous protègera de ce jeu de massacre sans pitié et sans fin. Invitons celui qui soliloque sous la pluie, pieds nus et glissons-le sous la plus tendre de nos armures. Inventons autre chose, d’aimant et de rêvé, presque rien ; un peu d’eau sur le visage tourmenté, un bout de terre à partager, quelques oiseaux perforant le ciel, quelques enfants volant au ras de leurs genoux ; ajoutons un myosotis à la boutonnière des douleurs, acceptons les caresses pour nous vêtir d’éphémère et de nudité pure, plantons l’arbre pareil à un éclair, les clartés dans les yeux, la joie, les rires, les vertiges dans les sentiments amoureux. Armons-nous de leur seul courage et de leur fantaisie insolente et fertile… Avons-nous vraiment mieux à faire ?
jacques dor
