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ça remonte des profondeurs
comme un raz de marée
qui ne dirait pas son nom
un rythme vagabond
ça tangue
ça dit le vertige et l’élan
mais aussi l’insensé
le dément
ça propage la cadence
c’est un cri éclaté
une danse d’ombres et d’étoiles fanées
c’est un feu qui parcourt et ravage
la colline aux oiseaux
une plage envahie de mazout
ça traîne
et obscurcit
ça éclaire soudain
ça parle
ça rêve à d’autres mondes
c’est l’aube et c’est la fin
quand la mer est plus forte que l’espoir
quand ton indifférence signe un arrêt de mort
c’est le rien et le tout
le moisi et le pur
l’écorchure et la fièvre
ça remonte des profondeurs
c’est un chant de révolte
et le dégel des mots
ça désigne les phares
pour contrer les tempêtes
ça ne se plaint pas
ça résiste
dans le vent et le sable au bord des cimetières ça ne s’incline pas
Rien, non rien
n’arrêtera ce flot qui remonte des profondeurs
Un poème extrait d’un recueil en préparation de Colette Gibelin.

Photographie : Thami Benkirane