Agrigente – Philippe Jaccottet

Un peu plus haut que cette place aux rares cibles,
nous cherchons l’escalier d’où la mer est visible,
ou du moins le serait si le temps était clair. —
Nous avons voyagé pour la douceur de l’air,
pour l’oubli de la mort, pour la Toison dorée…
Malgré le chemin fait, nous restons à l’orée,
et ce n’est pas ces mots hâtifs qu’il nous faudrait,
ni cet oubli, lui-même oublié tôt après…

Il commence à pleuvoir.
On a changé d’année.
Tu vois bien qu’aux regrets
notre âme est condamnée :
il faut, même en Sicile,
accepter sur nos mains
les mille épines
de la pluie… jusqu’à demain.

Philippe Jaccottet


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