Lundi 29 Janvier 2018
En partant de Tafraoute, il y a une multitude de vallées toutes aussi magiques les unes que les autres. J’ai choisi d’aller dans une des plus sauvages au sud est de Tafraoute
Aït Mansour
Une rude montée m’a remémoré les routes de montagnes des Alpes, les sapins en moins. Mais quels paysages !
Je sais, aucune image ne peut rendre l’ampleur et le relief, Notre œil perçoit trois dimensions mais l’appareil photo uniquement deux et ça change tout. De toute façon il manque aussi le vent, le froid, (pas trop mais un peu tout de même) les odeurs et quelques chants d’oiseaux
Spectaculaire donc avec souvent des éboulements fraichement dégagés, juste de quoi se faire peur en regardant ces rochers en suspension en équilibre depuis des millénaires. Prêts à tomber.
Au bout des gorges après quelques virages bien serrés on aboutit à une palmeraie et tout de suite on est dominé par les arbres comme si la nature nous disait : »Rien ne pousse, là haut mais ici on se rattrape ! »
De grands palmiers dattiers font une ombre douce qui doit être salutaire en chaude saison. En Janvier c’est plutôt un vent frais qui fait balancer les palmes en s’engageant dans cette vallée étroite mais propice au habitats berbères si bien adaptés.
Après un arrêt au parking où je vais passer la nuit, et comme il est tôt, je décide de poursuivre au milieu des palmiers pour découvrir ce qu’il y a au bout de ce tunnel de verdure. Les palmes caressent les flancs de mon camping car, c’est étroit, croisement impossible si ce n’est quelques places pour les rencontres de véhicules. Par chance en cette saison très peu de touristes (aucun en fait) s’aventurent dans ce couloir végétal
À la sortie de cet oasis, je débouche sur une vallée plus ouverte. Tout s’élargit et s’élève, les couleurs sont toujours les mêmes, des ocres des jaunes mais éclairés sous d’autres angles et à chaque virage une nouvelle vue
Cette vallée aride uniquement peuplée de rares arganiers est aussi émaillée de plusieurs villages tous plantés dans la roche dans des positions assez acrobatiques et d’une esthétique et une intégration exemplaire.
Il se trouve que je dois de toute façon faire demi tour pour ne pas m’engager dans une boucle très très longue et qui comporte des pistes impraticables sans véhicule tout terrain. Mais c’est aussi un avantage car au retour je vais revoir tous ces villages sous un angle différent et avec une lumière du soir qui change toutes les couleurs. La lumière idéale.
Et c’est sans compter les arrêts pour mes prises de vues. Au milieu d’une traversée de village je me pose près de la mosquée et trois petits dames bien âgées se portent à ma rencontre …. curiosité et malice dans ces regards et comme la langue ne s’accorde pas avec notre compréhension mutuelle nous partons dans un quiproquo assez comique. Je demande une traduction à une jeune avec qui j’avais discuté un peu avant, mais elle ne veut pas traduire. Je comprend qu’en fait tout ça l’amuse beaucoup de me voir tout empêtré dans mes explications. Bref je saisi quelques idées et surtout un grand plaisir de rire du touriste.
Un grand village abandonné trône au milieu de la vallée. C’est à la fois triste et majestueux. Mais c’est la vie qui va. Je fais quelques photos mais je ne cherche pas le misérabilisme dans ces ruines. Il y a eu de la vie ici et ce n’est pas la mort, juste que la vie s’en est allée un peu plus loin. Un vieux monsieur de passage m’explique qu’il ne restait que deux familles dans cette immense ruine et bien sûr plus personne pour entretenir une tel patrimoine.
C’est la fin des choses. La fière mosquée fraichement repeinte prie sur la vie qui passe … qui passe à autre chose !
Dans les derniers kilomètres sur le chemin du retour je vois, sur l’autre flanc de la montagne, une grande grotte et immédiatement mon imagination galope vers les mille et une nuits. De loin j’ai cru voir Ali Baba, mais ce n’était pas lui …. heureusement je n’ai pas vu non plus les quarante voleurs.
Vite vite je vais retrouver mon oasis protecteur pour la nuit.
À demain !
L’album photo :
