Imagine que tu devais mourir.
Imagine qu’un jour de plus t’est donné, peut-être deux, peut-être mille.
Ne compte pas. Étonne-toi.
Tu n’as pas oublié de marcher, mais tu marches pour la première fois.
La joie a fait place nette et tu te réjouis de nommer les choses qui reviennent vers toi.
Un mot, un seul, et les autres s’enchaînent.
Le fil est renoué qui te relie à l’univers, soutenant dans ton ciel les soleils suspendus au-dessus du bal.
Va au bal.
L’orchestre apprête ses violons.
Ta jambe est bien faite.
Elle te conduira où tu voudras.
Rire, c’est remercier le jour de sursis.
Tu viens de naître.
Mais pourquoi, parmi tant de compagnes,
as-tu déjà retrouvé ta vieille douleur ?
Jean Malrieu,
Le nom secret,
J.P. Oswald, 1968.