
Cet orgueil qui envoie ses pur-sang dans la nuit,
ce doute avec sa neige et ses lilas tordus,
cet amour protégé par mille indifférences,
cette aristocratie de salive et de peau,
ce désir d’un néant impalpable et palpable,
ce regard à noyer les étoiles naïves,
cette écriture où l’univers se recompose,
ce langage abattu comme un oiseau de boue,
cet abandon de l’être en face du non-être,
cette précarité buvant un vin trop riche,
cette âme dévorée par combien de miroirs ?
dites-moi, dites-moi, cet équilibre vain,
cette douleur qui m’est rosée, cette blessure
qui m’est soleil couchant − dois-je m’y reconnaître ?
Alain Bosquet,
Je ne suis pas un poète d’eau douce,
éditions Gallimard, 1996.

Photographie d’entête : Thami Benkirane