
à l’horizon perdu
il y a un espace tranquille
où mûrissent d’étranges fruits
où veille l’or de l’armature immense
de la lente révérence
du soleil à la désespérance
et puis soudain commence le chagrin
comme une bête nocturne
enfermée dans le jardin obscur
de tes mains de peine et d’oubli
il y a cela qui ne s’éteindra plus
la lumière des cendres sur le parcours
la braise tendre de l’amour
la violence
de la vérité nue
et puis soudain ceci
l’ombre sur le mur
et le coup de feu amoureux
du corps sans armure
il y a la vanité de l’aube grise
qui laisse boire encore
le drap rouge d’un homme sans nom
et la lumière incertaine
de la chair ouverte de l’ennemi
et puis soudain le silence argenté
des doigts endeuillés
dénouant la soie salie
du foyer piétiné dans la nuit
il y a le pas lent du tambourin
et le rythme du chant se faisant
la dague de pierres à la ceinture
et l’écho inversé de la voix qui se souvient
et puis soudain le sanglot familier
le frisson du soir
(…)
Poème d’Amin Khan,
Quarantaine, extrait

Photographie d’entête : Thami Benkirane
extraite de la série « Fès & gestes »,
Fès ville nouvelle,
le 21 mars 2016.